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tedescocam

Visite onirique du sauvage

Dernière mise à jour : 1 mars 2021

Je me trouve au sommet d'une colline. Devant moi, en contrebas, une clairière bordée par de grands arbres. Je me tiens là, dans le froid d'une saison que je ne connais pas. J'agrippe la couverture qui couvre mes épaules. Une lune presque pleine me surplombe. Une maison attend mon retour à quelques pas de moi. Je ne mesure pas sa taille, mais seule dans la nuit, et sur mes gardes, l'idée de sécurité que je pourrais trouver à l'intérieur me réconforte.

Le clair de lune est magnifique. Je porte le viseur de mon appareil photo à mon œil et commence une série de clichés dans la nuit mystérieuse et non-située. La mise au point de mon appareil me permet, avant chaque déclenchement, d'apercevoir nettement les éléments qui l'entourent, nuages et cimes des arbres. Je suis la lune. Il semblerait qu'elle se déplace.



Je vise à présent la clairière avec l'objectif de mon appareil, et dans mon viseur, une silhouette apparaît. C'est celle d'un loup. Il se trouve à deux cents mètres de moi. Je me fige. Un compte à rebours invisible se met en route. Mon cœur palpite. Qui de nous deux ira chercher l'autre ? L'audace voudrait saisir l'animal mais c'est la crainte maintenant qui prend le dessus. Et dans mon esprit, une seule pensée : "cours te cacher". J'entre dans la maison et referme immédiatement le loquet de la porte derrière moi.

Soulagement. Contemplation de cet intérieur moderne. Contemplation des détails. J'oublie l'animal. Mais lui me rattrape. Il gratte à la porte et le loquet paraît alors bien fragile. Le loquet saute, juste après avoir pu grimper sur un des meubles proche de l'entrée pour échapper à l'animal. J'observe le loup entrer dans la maison. Mais ce n'est pas un loup. Il est moins impressionnant que ce que je projetais. C'est un coyote, ou un gros chien. Il a les oreilles dressées et s'avance avec curiosité et entrain dans la maison. Il semble très bien savoir où il va. Je le perds de vue. Alors je saute du meuble du haut duquel je me tenais et me précipite en dehors de la maison. Mais je ne ressens pas de soulagement. Un sentiment ambivalent m’envahit. L'extérieur semble regorger de dangers incertains et c’est pourtant vers lui que je dirige. Je regrette alors d’avoir laissé l’animal seul dans la maison.

Je me réveille à cet instant. Il est 2h33 du matin. Je me souviens très distinctement de mon rêve et me lève pour l’écrire et garder trace.

Ce n'est pas la première fois que je rêve de l'animal. Il prend alors de nombreuses formes. Et presque toujours, quand il m'apparaît, je cherche à le fuir. Il représente presque toujours un danger dont il faut que je me protège. Mais dans ce rêve-là, je ressens de l'ambivalence. J'ai bien senti, ne serait-ce qu'une seconde l'excitation d'une éventuelle rencontre. Serait-ce un pas, un signe, un détail, qui me rapprocherais de ma propre nature et du sauvage qui compose mon âme ?

J'ai un grand intérêt pour la symbolique des rêves. Le symbole, c'est ce qui fait dialoguer l'imaginaire et le réel. C'est ce qui fait dialoguer mes croyances limitantes avec mon véritable être. Dans mes rêves, je pars explorer la version trouble de moi-même afin de mieux avancer dans un monde réel et matériel en grande transition. L'animal et la maison en plus d'être des objets de mes préoccupations actuelles, sont des symboles des forces en tension qui agitent mon esprit.

La maison est tout ce que j'ai connu, tout ce qui me rassure, tout ce qui me cadre, me protège et comble mes besoins. En choisissant d'entrer dans la maison, je ne fais face à rien, je me sécurise. Je m'enferme dans une version figée du monde et de moi-même. Le loup est l'impermanence, l'incertitude. Il est la liberté à laquelle j'aspire secrètement. Il est tout ce qui me lie à la part sauvage du monde. Il comporte une part de risque, celle qui me renvoie à ma propre finitude. Il détient la puissance de la source, que les attentes d'une société bouleversée continue de contenir. En choisissant de rencontrer le loup, je ne sais pas ce que je choisis, et ça me perturbe.

Mais lui est entré dans la maison. Lui me cherche. Le mouvement vers lui m'appartient alors. Il m'appartient de faire confiance à ce monde vivant qui emprunte de nombreuses portes pour s'exprimer, et de faire confiance à celle que j'ai franchie pour porter sa voix.



Portez-vous attention à vos rêves ? Pourquoi le faire ?

Il semblerait qu’ils soient la porte vers notre inconscient et notre identité profonde.


Peut-être sont-ils bien plus que ça.

Peut-être sont-ils des ouvertures.

D’autres voies d’analyse pour mieux saisir notre rôle dans cette danse folle.

D’autres possibles, d’autres voies de désenchantement et de ré-enchantement que la réalité terrestre ne semble pas nous offrir.

Enfin d'autres sources pour puiser l'imaginaire sauvage dont nous avons besoin pour transformer le monde.





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