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  • tedescocam

Nouvelles du sauvage : entre apprentissage, expérimentations et accompagnement.

Dernière mise à jour : 30 août 2022

Ensauvageons nos imaginaires - Bilan premier semestre 2022.


“On transmet souvent ce que l’on a besoin d’apprendre.”


Cette citation (de je ne sais plus qui) a été un mantra en cette première partie de l’année. Elle m’a accompagné dans chaque étape, et a levé de nombreux doutes quant à ma double posture, perpétuelle dans ma vie professionnelle, et qui m’a beaucoup questionnée : suis-je l’accompagnante ou l’accompagnée ?


Cette question a cessé de trop me préoccuper depuis que j’ai compris que transmettre était mon principal moteur pour apprendre. Les deux vont ensemble. Comme l’ombre va avec la lumière. Je ne me serais jamais autorisée à aller vers la photographie, à me recentrer sur mes envies et besoins de créativité, à passer du temps à me former, si il n’y avait pas un objectif plus grand derrière.


Cela lève un gros frein, que peut-être sommes-nous souvent nombreux à ressentir, celui de la légitimité.


Une chose que mon expérience m'a apprise est que nous sommes toujours légitime, à condition de mesurer justement où nous sommes et ce que nous pouvons transmettre à cet instant même. Cela demande du discernement et un réarrangement permanent.


Je vous propose, dans cet article, de me suivre dans mes apprentissages et réalisations de cette année, de découvrir mes cheminements et sources d’inspirations. La photographie m'apprend beaucoup sur le monde et moi-même. Elle m’accompagne dans ma quête fragile et sinueuse d’abandon total à la vie, au sauvage, au temps qui passe, aux relations qui se tissent, se lient et se délient, et à la légèreté qui se dégage de tout cela.


Très bonne lecture ! :)


PS : voici un petit sommaire si vous souhaitez squeezer des parties :


1. Le stage d’immersion sauvage avec Cindy Jeannon


Les premières semaines de l’année ont été ponctuées par la rencontre avec Cindy Jeannon, photographe et écrivaine, que j’ai découvert avec la revue Yggdrasil il y a quelques temps et dont je suivais depuis les travaux et réflexions. J’ai trouvé dans ses photographies une expression poétique du monde qui me touche, bercée par les éléments, les émotions, les entités présentes dans les grands espaces sauvages du Nord de l’Europe qu’elle a parcouru, à la recherche de quelque chose, d’à peine palpable, d’un indicible. Ce même quelque chose, je crois, que je cherche. L’éternel émerveillement.


Bref, une grande source d’inspiration et je vous invite vivement à aller voir son travail !



Il me tardait de participer à un de ses stages. Vœux exaucés en janvier 2022. Me voilà quatre jours dans le Jura pour une immersion sauvage dans un espace immaculé de blanc, accompagné de 8 autres personnes que je ne connais pas encore, mais dont je pressens animées par les mêmes passions. Les discussions qui ont abondées le stage m’ont confirmé cela.


J’ai aimé ressentir les désirs sauvages de chacun, à peine apprivoisable -en tout cas, pas sur un temps si court de quelques jours. Chacun a donné un peu de son vaste univers, pour nourrir celui des autres. J’ai aimé les lentes progressions près des Cascades du Hérisson (Jura), où nous étions, à observer l’état changeant de la lumière, de l’atmosphère, au fil de la journée -courte d’hiver!- qui s’écoulait. “Ce n’est pas le paysage qui change, c’est ton cœur qui s’ouvre” m’a exprimé Cindy d’une douceur désinvolte. Et oui, peut-être le découvrez vous, on ne voit pas avec ses yeux, mais avec son cœur. D’où l’importance de le nourrir pour apprendre à (perce)voir ce qui se déroule sous nos yeux.


Une nécessité alors pour quiconque souhaite photographier le monde ?


“Nourrir son coeur”, qu’est-ce que cela veut dire ? Ca veut dire tout simplement “aimer” je crois. Mais difficile d’aimer sans connaître. Ainsi “Nourrir son coeur”, veut dire aussi “s’intéresser à”, “être curieux de”. Apprendre à connaître un lieu, une personne, une espèce animale ou végétale par des qualités de curiosité, d’attention, de non jugement. Là encore, la photographie est un allié de choix pour cela.


Outre les dimensions techniques, ce stage m’a donné une meilleure vision de la posture à adopter en tant que photographe : une ouverture au monde, un abandon de soi. Il est difficile d’être toujours juste dans cette posture, tant les événements de la vie et les injonctions qu’elle opère viennent la déstabiliser. Ce sont des allers-retours constants.


Ce stage m’a aussi rendu plus claire ce que je m’étais dans le “sauvage” : un état d’être, une sensation d’appartenance à quelque chose qui me dépasse. La part de moi-même qui n’est plus aliénée et qui me permet de voir la part non aliénée du monde, et ce lien solide qui m’unit à lui, ancestral, fait de sensations. La quête du sauvage est une quête vers l’altérité. Grâce à elle, je me sens “autre” et je peux alors le respecter, l’aimer, co-habiter avec lui, et ainsi participer à un monde qui respecte la vie dans toutes ses formes.


Merci à Cindy et autres participants -Kévin, Michaël, Virgil, Camille, Cécile, Romain, Frédéric, Dominique- et j’espère que nos routes se recroiseront le moment venu :)



2. Un an de cours du soir avec l’école BLOO : apprendre à travailler avec la lumière.


L’école de photographie lyonnaise BLOO propose des cours du soir pour travailler son écriture photographique. N’ayant aucune formation initiale en photographie, ces cours ont été une grande opportunité pour découvrir davantage l’immense potentiel de ce médium. De l’objet d’art au processus introspectif, le champ des possibles est immense. Ainsi que le champ des univers qu’il propose.


Outre les très belles rencontres que j’y ai faites, j’y ai découvert quelque chose qui ne m’était pas si claire auparavant : le travail de la lumière est au cœur du processus. Il exige attention et patience face au monde que nous percevons. J'y ai également découvert la force de la narration en photographie, et comment la travailler.


La formatrice, Marion Bornaz, nous a proposé de travailler un thème, un sujet. C’est naturellement que celui de l’élevage urbain s’est imposé de nouveau, en tentant une nouvelle écriture. Plus proche de la complexité et de l’ambivalence des choix des bergers, entre amour pour leurs animaux et pragmatisme pour survivre.


Ce travail a donné lieu à une exposition dans les locaux de l’école les 11 et 12 juin. Merci encore à tous ceux qui sont passés au vernissage et pendant le week-end. Partager mon travail, et le laisser se déposer dans de nouveaux regards, fut un grand moment de joie!


En savoir plus sur les cours du soirs : http://blooecole.com/cours-du-soir/

Flyer de l'exposition collective.


Une partie de ma série Elever.


Une partie de la série Profondeurs de Florence Croizier.


























Série Chronique de Rémi Cocula.



























3. La photographie pour accompagner des jeunes adultes à trouver leur place avec OTGR et Année Lumière


L’association On The Green Road (OTGR) avec qui je travaille depuis plusieurs années est partenaire d’Année Lumière, une association qui accompagne des jeunes (16-25 ans) à construire leur projet d’avenir, à travers un programme riche en accompagnement. Une partie de leur programme tournait autour du voyage initiatique. Nous étions quatre formateurs à les accompagner à construire une exposition collective sur ce thème.


Initialement, le support de ce projet devait être un voyage immersif de deux semaines dans un autre pays d’Europe. Le voyage annulé dû à la crise sanitaire, les jeunes ont dû rebondir et retrouver une source de curiosité et de créativité dans leur quotidien, ici, à Lyon.


Pour cela, des “voyages locaux”, à la découverte de divers lieux et initiatives du territoire, ont été organisés par l’équipe d’On The Green Road pour inspirer les jeunes.


Trois parcours étaient proposés : Photo, Vidéo et Carnet de voyage. Dans le premier, où nous accompagnons une dizaine de jeunes avec Florence Croizier, le thème de l’Ailleurs a émergé au fil des sorties sur le terrain et des discussions. Au travers des prises de vue et de la construction de l’exposition, l’ailleurs n’était plus tant une destination lointaine et inconnue, que finalement un espace créé autour de soi grâce à l’attention portée à ces petites choses du quotidien qui émerveillent.


Cette expérience d’enseignement et accompagnement a été d’une grande richesse pour découvrir une autre dimension de la photographie : transmettre sa sensibilité pour aider les autres à développer et exprimer la leur. Les sessions de travail que nous proposions ont permis aux jeunes une certaine et nécessaire expression créative, dans une période de leur vie où ils cherchent une place à prendre ou à créer pour construire leur avenir.


Je vous laisse découvrir leur travail !



Le texte de leur exposition :


Un multivers de photos, regroupées en amas.


Je me sens ailleurs quand je me retrouve seul dans la nature et que je peux profiter de l’instant présent, sans penser à autre chose.

Les bruits,

L’eau,

Une rivière,

Un chant d’oiseau,

Le vent dans les arbres,

Le bourdonnement des insectes,

Les gens qui font du vélo en forêt …


Une reconnexion avec soi-même et la nature.


La légèreté.


Quand tu te trouves dans un endroit, un bled paumé ou pas, un parc ou une aire d’autoroute. Bref qu’importe le lieu où tu peux te trouver, si tu te sens léger, c’est là qu’agit la force de l’ailleurs.


Le mouvement, l’inertie, la sensation du vent sur le visage, les paysages flous qui défilent, les pensées qui se dessinent …


Le monde qui se mélange à l’imaginaire.


Lucas PULCINI - Emilien PELET - Emma ETCHEVERRY - Lucas VACHERON - Mathieu LATREILLE - Mamadou DIALLO - Anouk POYET - Oscar NUNEZ - Raphaël PONS




4. La création d’ateliers collectifs pour se reconnecter à son imaginaire sauvage


Ce qu’il y a de chouette quand on crée ses propres projets et que l’on partage ses univers, c’est que l’on passe beaucoup de temps à rencontrer des nouvelles personnes. Parfois, ces personnes ne sont que des passages, des portes vers d’autres. Parfois ce sont des rencontres fortes.


Parmi ces rencontres, il y a Audrey, rencontrée au travers de l'Institut Transition. Bout de femme à sensibilité élevée, à intellect profond et en exploration d’elle-même et de son monde. On a le même appel du sauvage, que l’on tente de comprendre et d’apprivoiser. Bref, on accroche !


En décembre dernier, je rencontrais Jean Philippe Pierron, invitée par une amie à Let know Café, pour une présentation-discussion d’un de ses ouvrages. Cette même amie m’avait déjà parlé de lui, et d’un autre de ses écrits : Je est un nous, enquête philosophique sur nos interdépendances avec le vivant, dans lequel je découvre le concept d’éco-biographie, qui est pour JP Pierron “ une écologie à la première personne “ : une manière de se raconter en interaction avec le vivant, dans des relations avec des animaux, des végétaux, des lieux, spécifiques que l'on a rencontré et connu dans le passé. L'objectif est d'intensifier dans nos imaginaires nos liens avec la nature et de se penser soi-même comme faisant partie du vivant. C'est un puissant levier d'action écologique qui transforme nos représentations du monde.


Partage de récits en binôme au parc de la tête d'or lors de la fête du Cocon Solidaire le 2 juillet 2022.


Audrey découvre ce concept au même moment, alors nous nous en parlons. Et une même conviction émerge de nos échanges : pour densifier nos imaginaires de nature, échanger des récits personnels sur ce thème semble être un outil puissant. Nous commençons alors à imaginer un atelier d’échange entre personnes, alliant à la puissance de l’image (photolangage, collage) celle du récit, afin d’ancrer des expériences de nature ou faire émerger dans l’imaginaire des personnes celles qu’elles ont eu plus jeunes. Dans les deux cas, la finalité est de renforcer leur sentiment d’appartenance à cette grande communauté de la vie, source de bien-être, de joie et d’envie d’agir.


Ce premier semestre fut l’occasion de tester ce format d’atelier à plusieurs reprises : au festival du voyage engagé organisé par OTGR, à la journée de la nature en ville à la Maison de l’environnement et lors de la fête des un an de l’association du Cocon Solidaire. Merci pour leur confiance ! L’atelier est encore en expérimentation, mais ces tests et les retours des participants en ont confirmé la fertilité quant aux objectifs recherchés ! A poursuivre :)


Densifier son imaginaire sauvage par l'image et le collage,

travail complémentaire au partage de récit

- Fête du Cocon Solidaire, 2 juillet 2022




5. La Balade Sauvage, une nouvelle proposition pour se relier au sauvage urbain


Dans les rencontres très fortes que j’ai fait également grâce à la photographie, je compte évidemment Florence.


Florence, c’est une talentueuse photographe en devenir, mais bien sûr, elle n’est pas que ça. Elle est une fantastique partenaire de travail qui soutient, accompagne, conseille, fait confiance. C’est une grande rêveuse, une idéaliste, une grande joyeuse, une passionnée, une personne engagée, comme on en manque dans le monde pour nous inspirer par sa légèreté et son amour de la vie et des autres.


Cela fait plus d’un an que nous cheminons et expérimentons ensemble des balades photographiques et les cours à Année Lumière, entre autres choses. Alors quand elle me propose de créer avec elle La Balade Sauvage, je n’ai pas d’hésitation. Sa vision et ses intentions sont claires, je les partage entièrement, il n’y a plus qu’à se lancer !



Mais La Balade Sauvage, qu’est-ce que c’est ?


La Balade Sauvage, c’est une invitation à aller rencontrer le vivant qui cohabite en ville par des voies sensibles et artistiques. Elle offre un espace à tout un chacun qui souhaite développer son rapport sensoriel et émotionnel à la nature.


Par le travail de l’attention, de l’observation de la lumière, de l’écoute de ses sensations, de la connaissance du vivant et du développement de l’imaginaire, nous souhaitons accompagner la création d’expériences sauvages reproductibles dans son quotidien.






Et plus concrètement ? Nous vous proposons :

  • de vous initier à la photographie en pratiquant un art de l’attention et d’écriture de la lumière

  • de profiter d’un moment d’ancrage pour habiter l’ici et maintenant

  • de faire des expériences sensorielles pour nourrir sa vision de tous ses sens

  • de partager des récits pour ouvrir son imaginaire, se relier aux autres et à soi

  • d’échanger de la connaissance sur le vivant qui nous entoure

  • d’exprimer votre créativité au gré de mise en pratique que nous vous proposerons


Si vous souhaitez mieux connaître cette abondance de vie qui vous entoure et développer vos capacités à vous y relier, source de joie et d'émerveillement, bienvenue à La Balade Sauvage !


La première balade que nous organisons aura lieu le 18 septembre de 9h - 14h (balade suivi d’un moment convivial autour d’un partage d’un repas) sur la colline de Fourvière.

Vous pouvez envoyer un message à labaladesauvage@mailo.com pour vous inscrire.

La tarif d’inscription est de 25 euros.


Pourquoi un tarif d'inscription ?


Avec Florence, nous partageons la même passion pour la photographie et le vivant. Et en tant que passionnée, il a été difficile de donner une valeur monétaire à cette proposition. Mais notre souhait est de vous offrir un espace qualitatif dans lequel vous vous sentez soutenu et accompagné. C’est en glanant des informations de prix sur des ateliers similaires que nous avons déterminé ce tarif, afin de nous aligner et vous faire une proposition digne de notre ambition pour vous. Concrètement, ce tarif nous garantira à tous un espace bienveillant et engagé d’échanges, de convivialité et de créativité !


Alors, vous nous rejoignez pour cette expérience sauvage ? :)



N’hésitez pas à nous envoyer un message si vous souhaitez plus de renseignements. Et un grand merci d’avance pour vos partages à quiconque pourrait être intéressé par notre proposition !


6. La petite vie des expos


Pour finir le bilan de ce premier semestre de l’année, je souhaitais vous donner quelques nouvelles des mes deux premières expositions créées l’année dernière, à savoir :

La première a été accueillie à la maison des étudiants lors des journées du Patrimoine en septembre dernier et le week-end du 23 et 24 juillet dernier, au festival Document’air qui se tenait place Mazagran à Lyon. Un événement organisé par On The Green Road invitant au voyage tout en restant à Lyon. (lien vers l’article du progrès).


La deuxième, créée pour la Petite Transhumance du Grand Lyon en octobre dernier, a été accueillie également à plusieurs reprises à la Maison de l’Environnement de Lyon, pour le festival du voyage engagé le 9 avril 2022 et la Journée de la Nature en Ville le 11 juin 2022.


Merci à tous ces partenaires de me faire toujours autant confiance ! C’est toujours une grande joie de partager ces photos et réflexions, dans l’optique de montrer et sensibiliser à la place du sauvage dans nos vies. Elles sont toujours prêtes à être accueillies dans des locaux, moyennant l’espace disponible. N’hésitez pas à m’envoyer un message pour plus de renseignements.




Merci de m’avoir lu jusqu’ici ! Je vous souhaite de profiter des derniers moments de l’été et de vivre des expériences sauvages où que vous soyez, avant l’effervescence de la rentrée.


A bientôt,


Camille Tedesco.









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