L’animal est entré en moi.
Je suis l’animal.
Dans la fascination. Dans l’expérience.
Dans les sens, déployés, étendus, unifiés dans l’environnement qu’ils traversent.
Tout est environnement.
Tout est terrain d’expérience qui me donne cette sensation étincelante d’être en vie, d’être traversé par son flux.
J’aime le contact avec l’animal.
J’aime me plonger dans ses yeux.
J’aime toucher sa peau ou ce qui le couvre.
J’aime sentir son odeur.
Je ne le nomme pas.
Il n’est jamais qu’un autre, à l’extérieur de moi, dans une autre peau, une autre énergie qui meut un autre corps.
L’animal et moi sommes un tout, sommes semblables, dans cette capacité à être.
Parce que nous partageons cette capacité, je me sens l’animal à chaque rencontre.
Je sens la source qui se réveille. Je sens les vibrations qui me poussent à m’adapter à chaque mouvement extérieur.
J’entends de lointains et clairs murmures.
Je n’anticipe rien.
Je n’attends rien.
La rencontre se suffit à elle-même.
Elle me propulse à l’extérieur de mon propre monde tout en m’ancrant profondément à l’intérieur.
Je tente de le traduire à l’autre, je tente de l’accrocher, c’est ce que je désire le plus à cet instant précis où nous plantons nos regards l’un dans l’autre.
Rencontrer, puis rencontrer de nouveau, puis rencontrer encore.
Se reconnaitre à chaque fois.
Reconnaitre l’étranger dans l’autre, reconnaitre ce que je ne serais jamais.
Apprendre à aimer cette étrangeté, même si je n’y aurais jamais accès.
Puis reconnaitre que je suis un étranger pour l’autre.
Puis reconnaitre que quand je suis l’autre, je suis un étranger pour moi-même.
Etre l’animal n’est pas être l’autre.
Etre l’animal, c’est être soi.
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